États Généraux de l’éducation prioritaire Mercredi 20 janvier en visioconférence à partir de 9 heures à l’initiative de la FSU Gironde

CR stage départemental - Education prioritaire

Compte rendu du stage départemental Education Prioritaire - Janvier 2021

Né dans les années 80 la politique d’Education prioritaire est compensatoire et cible des territoires et des publics où les CSP défavorisées sont importantes. Il s’agit de lutte contre la corrélation inégalités scolaires et sociales. Elle utilise comme levier :
• La réduction des effectifs
• Le projet
• L’expérimentation (pédagogique)
Elle concerne au départ 10% des élèves pour s’étendre à 20% suite aux relances successives.
D’autres éléments sont progressivement rajoutés :
• Indemnité pour attirer des enseignants sur ces postes
• Scolarisation des moins de 3 ans
• Travail en réseau
Mais cette politique a été aussi fluctuante. En 2006, l’objectif n’est plus une réduction des écarts scolaires entre établissement ordinaires et classés mais une nouvelle philosophie basée sur individualisation, le renoncement (réduction des ambitions à la possession du seul socle commun), tri des élèves (les plus « méritants » doivent être extraits de l’EP), expérimentation notamment en ce qui concerne les personnels pour déréguler (poste à profil, indemnité associée à « l’investissement » dans les RAR devenus CLAIR).
En 2014, une nouvelle réforme modifie à la fois la philosophie et établit une nouvelle carte. C’est une réforme pédagogique (=sans moyens supplémentaires) qui s’appuie sur un référentiel qui doit guider les pratiques. Le label est maintenu avec deux niveaux REP et REP+. Cependant l’établissement de la carte dont le nombre d’établissement est prédéterminé conduit à une exclusion d’une partie des collèges (en Gironde majoritairement des établissements ruraux) et des lycées. Seul gain notable, une pondération est donnée aux collègues enseignant en REP+ qui doit libérer du temps. Elle est l’objet les 1res années de conflit avec les chefs d’établissement qui considèrent que ce temps libéré leur appartient (organisation et contenu). L’objectif de l’EP redevient de réduire les écarts de réussite.
Pour aller plus loin une publication de l’institut de recherche du SNES sur l’EP
http://www.irhses.snes.edu/PDR-no-42-L-education-prioritaire.html
Un bilan devait être fait et la carte revue en 2018. Jean Marie Blanquer devenu ministre de l’Education nationale ne fait pas le bilan pourtant prévu et gèle la révision de la carte en attendant une réforme de fonds. Il fait réaliser dans cet objectif le rapport Azéma-Mathiot (papa de la réforme du lycée). Parallèlement, il lance les cités éducatives issues du Plan Borloo et relance les internats d’excellence.
La production du rapport Azéma-Mathiot s’inscrit dans la droite ligne d’un ensemble de rapports et publications qui mettent en cause :
 efficience de l’Education prioritaire
 la pertinence du label présenté comme le seul responsable de l’évitement des établissements
 l’inégalité de traitement entre établissement ruraux et urbains dans le contexte de la crise de Gilets Jaunes.
 l’allocation des moyens qui produiraient des effets de seuils.

Deux nouveaux indices sont créés IPS et mesure d’éloignement. Les moyens doivent être alloués en utilisant la méthode d’allocation progressive du 1er degré. Une application de cette méthode dans l’académie d’Orleans-Tour a diminué les moyens donnés aux établissements.
Voir article sur le sujet
http://orleans.snes.edu/Non-a-la-fin-de-l-education-prioritaire.html
La 5 novembre 2019, le rapport Azéma-Mathiot est rendu public et préconise la réduction de l’éducation prioritaire en délabellisant les établissement REP dont la gestion serait confiée au niveau académique.
La pandémie et la réforme du lycée occupant beaucoup le ministre. La mise en œuvre se fait attendre. Le 26 juillet 2020, Nathalie Elimas est nommée secrétaire d’état en charge de l’Education prioritaire. Suivant l’exemple de Blanquer, Elle annonce dans le Parisien en novembre 2020, la délabellisation des REP pour la rentrée 2022, le maintien des REP+ jusqu’à la refonte de la carte politique de la ville, la mise en place d’une expérimentation dans trois académies (Nantes, Lille et Marseille) des futures modalités des établissement relevant de l’EP et du BAR (bureau de l’aide rapide). C’est la fin de la seule politique de lutte contre les inégalités scolaires mais aussi sociales.
L’expérimentation porte sur la mise en œuvre de CLA (contrat local d’accompagnement) pour trois ans avec une clause à la revoyure. La mise en œuvre se fait dans la plus grande opacité. Les établissements choisis ont été sollicités ou ont fait acte de candidature volontaire. Il s’agit d’établissement exclus en 2014 ou ayant des critères proches de l’EP ou des ruraux. Ils seront choisis non en fonction d’indicateurs mais d’un projet ficelé pour l’occasion. Ils devraient être financés par une allocation progressive en fonction d’indicateurs (IPS, mesure d’éloigement, CSP défavorisés, ZUS, boursier) dont la grille doit être publiée en janvier. Il devrait toucher des moyens supplémentaires mais qui seront pris aux autres dans le contexte budgétaire du second degré. Ce CLA serait conçu comme un contrat avec des objectifs à atteindre. Les établissements candidatent individuellement donc la notion de réseau ou de territoire disparaît. Des comités de suivi des CLA doivent se mettre en place mais l’administration souhaitent y réduire la place des organisations syndicales.
Les conséquences sont négatives :
 opacité des moyens donnés et des méthodes d’attribution
 pression managériale sur les personnels au moyen du contrat dans les domaines pédagogiques
 concurrence entre les établissements pour faire partir des ayants droit.
Au final, celle politique va conduire à :
• La dilution des moyens.
Les moyens de l’EP vont être distribués pour résoudre d’autres problèmes :
 Les postes vacants avec la mise en œuvre d’une indemnité d’attractivité
 La ruralité en ouvrant à des établissements dont les problématiques sont rurales et pas sociales notamment les établissements ruraux du privé.
Au final, on aura plus d’ayant droit dans une enveloppe identique. Le maintien d’effectifs allégé ne sera plus prioritaire.
• Une gestion locale qui pose le problème de la pérennité (les priorités ne durent jamais), des moyens donnés tant la situation des académies est inégale et mais aussi des pressions que pourront exercer les responsables politiques locaux.
• La perte de l’indemnitaire, des bonifications et des avantages pour l’avancement qui sont attachés à un label national. Seront-ils maintenus au niveau académique ? Seront-ils égaux d’une académie à l’autre ?
• Le contrat comme mode de gestion avec toutes les conséquences en termes de management pour les équipes.
Les REP+ ne sont pas sauvés pour autant. Il est à craindre le basculement sur les cités éducatives où l’école n’est qu’un des territoires apprenants parmi d’autres. Elle fonctionne aussi sous la forme de contrat des trois ans. La gouvernance écarte les personnels au profit du chef d’établissement, du représentant du préfet, de la commune, des parents et des associations. Les ambitions scolaires sont réduites pour les élèves dont une partie est vouée à l’apprentissage.
Pour aller plus loin
Publication du secteur collège du SNES sur l’EP
https://www.snes.edu/article/relancer-leducation-prioritaire/
Les CLA
https://www.snes.edu/article/ne-pas-tomber-dans-le-piege-des-cla-contrats-locaux-daccompagnement/
Articles sur les cités éducatives
https://www.snes.edu/article/les-cites-educatives-prennent-de-lampleur/
Etats généraux de l’EP (lien pour s’inscrire ainsi que les publications de la FSU
https://grenoble.snes.edu/etats-generaux-de-l-education-prioritaire.html

Convocation + modèle de demande d’autorisation d’absence

Le Ministère dévoile sa réforme de l’Éducation Prioritaire et annonce pour cela une expérimentation dans 3 académies dès 2021 proposant le remplacement des REP par un contrat entre Rectorat et établissements valides pendant 3 ans avec des « clauses de revoyure ».
Dès 2022, la carte des REP pourrait être supprimée !
Nous vous invitons à participer nombreux à cette réunion pour tirer le bilan du fonctionnement actuel de l’Éducation Prioritaire et faire entendre vos voix en termes de conditions de travail et d’enseignement. Venez vous informer et débattre avec nous.
• Quelle politique d’éducation prioritaire ?
• Quelles conséquences de la délabellisation des REP et de leur future gestion académique ?
• Quelles mesures indispensables à renforcer ou mettre en place en termes d’effectifs, de mixité, d’équipe pluriprofessionnelle, de pratiques pédagogiques pour faire de la réussite des élèves la priorité ?
• Quelles mesures pour les personnels (primes et indemnités, allègement de service et temps de concertation, majoration de barème, accès à la classe exceptionnelle...) ?
L’Éducation prioritaire est attaquée, prenons le temps de réfléchir ensemble et de construire collectivement des propositions ainsi qu’un plan d’actions pour permettre, en une Éducation
Prioritaire, la résorption des inégalités et la démocratisation de l’accès aux savoirs et à la culture commune.

Le SNES Gironde propose aux syndiqué.es de participer à cette demi-journée de réflexion en déposant un modèle d’autorisation d’absence pour participer à un bureau départemental ouvert à toutes et tous. Ainsi, il n’est pas nécessaire de respecter, comme pour un stage de formation syndicale, le délai d’un mois pour le dépôt de la demande.