Les choses bougent du côté de la formation continue avec la parution du nouveau schéma directeur de la formation et la création conjointe des Ecole Académiques de la Formation Continue (EAFC). Il était temps…

La France est parmi les dernières des pays de l’OCDE en la matière avec 1,6 journées de stage en moyenne sur l’ensemble des enseignant.e.s selon le bilan social du ministère. La Cour des Comptes pointait également notre « scepticisme » pour citer l’euphémisme vis-à-vis de notre formation continue.

Particulièrement indigente, elle s’est réduite ces dernières années à assurer péniblement le SAV des réformes dans un schéma très descendant et injonctif.

Un programme ambitieux :

6 axes, 32 priorités, 162 thématiques, le nouveau schéma directeur de la formation continue est d’un abord peu engageant... Espérons que le cabinet McKinsey n’ait pas facturé la prestation ! https://www.education.gouv.fr/bo/22/Hebdo8/MENH2201155C.htm

Individuelles et collectives, pluricatégorielles et inter-degrés, la formation continue serait organisée dans des locaux spécifiques au sein de chaque département en dehors des établissements scolaires afin de se rapprocher des collègues. Tout cela dans un mouvement de déconcentration vers des « conseils départementaux de la formation » ou de « projets locaux de formation » à la demande des collègues sollicités sur leurs besoins.

La procédure d’inscription serait simplifiée pour être accessible tout au long de l’année avec la possibilité de créer des alertes thématiques afin d’être informé.e en temps direct.

Certaines formations filées pourraient aussi s’intégrer dans un temps long dans le cadre d’un programme pluriannuel pour consolider la professionnalité des agents sur des domaines variés avec plus de certifications ou de diplômes à la clé.

L’objectif est d’atteindre 60 000 journées de stages par an toutes catégories de personnels confondues. Les besoins en formateur.trice vont être conséquent dans les années à venir, à l’image de ceux accrus de tuteur.trices pour assurer le suivi des entrant.e.s dans le métier aux situations dorénavant très diverses

Les moyens de cette ambition :

Une nouvelle fois les moyens investis risquent de ne pas être à la hauteur des ambitions affichées. A l’heure actuelle 82 % du budget est consacré à la prise en charge des frais de déplacement. A cela s’ajoute la nouvelle gratification SOPA à l’attention des stagiaires en observations qui pèse entre 500 et 600… mille euros ! Le budget moyen par stagiaires s’élève ainsi à 400 euros pour notre académie contre une vingtaine d’euros environ pour celle de Créteil.

La question de notre formation est en lien également avec l’épineux problème du remplacement. La Cour des Comptes relevait récemment que 80 % des absences relevaient de ce cadre.

Au final, il peut être tentant de maintenir une ambition de façade et de réduire ce vaste projet à une formation entre pairs à distance et en dehors de notre temps de service…

Les points de vigilance :

C’est pour cela que le Snes au sein de la FSU a profité de ce 1er rendez-vous pour rappeler certaines exigences :

  • priorité donnée au volontariat sur des formations ouvertes et non réservées à un public désigné
  • respect de l’articulation entre vie professionnelle et personnelle : délais de convocation raisonnables sur nos heures de services en lien avec le développement de la visio
  • large priorité au présentiel
  • élargissement aux personnels en situation de précarité comme les AED ou les AESH afind e contribuer à leur intégration au sein des équipes éducatives
  • des contenus en lien avec le coeur de nos métiers : des formations disciplinaires laissant place au débat, en lien avec la recherche.
  • des formations intercatégorielles qui s’inscrivent dans le respect des missions de chacun.e au service de l’enrichissement du travail des équipes pluriprofessionnels. Le « tronc commun » à l’INSPE est à ce titre un bon exemple de ce qu’il ne faut surtout pas reproduire.

Par ailleurs, certifications et diplômes ne doivent pas conduire à la dénaturation de nos métiers (certification « orientation », « latin »…) ni devenir un outil de gestion RH conditionnant la promotion ou la mobilité des personnels par le biais des postes à profil.

La référence dans les textes nationaux à un « portefeuille individuel de formation » est particulièrement préoccupante au regard des dernières déclarations du président-candidat concernant « le pacte » qu’ils souhaitent passer avec les enseignant.e.s. Ce dispositif aggraverait l’individualisation de nos carrières.

Il ne faut pas oublier que cette évolution de la formation continue émane du grenelle de sinistre mémoire.

Un dernier mot sur les Ecoles Académiques :

Chargée de piloter et mettre en œuvre la formation continue à l’échelle académique, cette nouvelle instance est dotée d’un Conseil d’Ecole. De l’aveu même de son nouveau Directeur, l’un des plus gros chantiers consiste à consulter l’ensemble des agent.e.s, toutes catégories confondues, au sujet de leur besoin en terme de formation continue.

Il faut dire que le refus de voir siéger les organisations syndicales, les formé.e.s et les formateurs.trices au sein du Conseil d’Ecole ne facilite pas la tâche. Consulter les personnels en les excluant de la gouvernance… paradoxe supplémentaire du « en même temps » qui prévaut au gouvernement.

Pour la FSU la solution est simple : organiser un temps banalisé au sein des établissements pour recencer les besoins individuels, disciplinaires et intercatégorielles.

A défaut nous lancerons notre propre consultation pour porter vos attentes au sein du prochain Comité Académique qui se tiendra normalement en juillet.